science fiction simonitch avalon hill valley games hannibal guatemala cafe
Rubriques
>> Toutes les rubriques <<
· Jeux de Plateau (8)
· Jeux de Rôle (0)
· Jeux de Société (0)
· Jeux Vidéo (0)
· HANNIBAL : ROME VS. CARTHAGE
· GUATEMALA CAFE
· BRITANNIA
· STARCRAFT - THE BOARD GAME
· MARRAKESH
· VENTS DU NORD
· LES COLONS DE CATANE - LA CONQUETE DE ROME
· TOLEDO
Date de création : 03.02.2010
Dernière mise à jour :
03.02.2010
8 articles
Auteur
Mark Simonitch
Editeur
Valley games
Nb de joueurs
2
Age
12+
Durée
3h
La seconde guerre punique, les légendaires éléphants d’Hannibal, décorum finalement assez courant dans le monde du jeu, font ici l’objet d’un wargame pour 2 joueurs. Luxueuse réédition d’un titre de 1996 paru initialement chez Avalon Hill, et traduit chez nous par le défunt Jeux Descartes, voici l’occasion de revenir sur un grand jeu.
Pour de nombreux ludophiles avertis, Hannibal : Rome vs Carthage est un must que l’épuisement des précédentes éditions a élevé au rang de mythe. S’inspirant du système développé par Mark Herman pour We, the people (Avalon Hill, 1994), wargame simulant la guerre d’indépendance américaine,Hannibal est certainement le premier titre à réussir à trouver les bons équilibres de cette mécanique. Certes jeu de guerre en bonne et due forme, et donc s’adressant à un public relativement initié, il parvient tout de même à allier une certaine simplicité aux nécessaires besoins de simulations de ce type de jeux. Aujourd’hui courant, ce format intermédiaire était relativement révolutionnaire à une époque durant laquelle on jouait sur d’immenses plateaux parsemés d’hexagones, avec des piles de minuscules pions en cartons, et souvent une calculette.
Bis repetita placent (Les choses récurrentes plaisent)
L’avantage des wargames, surtout lorsqu’ils mettent en jeux deux protagonistes comme c’est le cas ici, est leur objectif relativement simple : vaincre son adversaire par affrontement. Pour autant, dans Hannibal, il est tout aussi important de gagner des batailles que de consolider ses positions. En effet, tout au long des neuf tours que dure la partie, la conquête ne peut être dissociée des positions globales de chaque adversaire sur la carte, représentées par des pions de contrôle politique ou des cités. Cela est d’autant plus important qu’à la fin de chaque tour, un joueur ayant le dessus sur l’autre creusera l’écart par le jeu des répercussions politiques. Cet élément est fondamental car il donne un aspect stratégique qui reste une qualité première.
Contrairement à de nombreuses productions contemporaines, nous ne sommes pas ici en face d’un jeu dans lequel les deux joueurs partent de positions identiques, ou même équitables. Bien au contraire : chacun des deux joueurs doit adapter son jeu à son camp, tant chacun dispose de ses propres avantages et contraintes. L’équilibre se fonde sur l’ensemble des éléments du jeu et non sur des moyens identiques. Les différences entre les deux camps sont nombreuses, qu’il s’agisse d’unités, comme les éléphants carthaginois, ou du jeu des consuls romains, de positions, ou encore de cartes.
Les cartes, justement, parlons-en. Elles sont le cœur du jeu, la ressource principale avec laquelle les joueurs vont agir sur les évènements et tenter d’arracher une victoire. Hannibal est ce qu’on appelle un card driven. Entendez par là un jeu dans lequel c’est la main de cartes dont les joueurs disposent à chaque tour qui va déterminer leurs actions. Système de plus en plus présent dans des productions récentes, comme 1960 : Making of a président, il est étonnant de voir ici la modernité d’un jeu de 12 ans d’âge. Pour faire simple, les cartes ont un double (voir triple) usage. Elles disposent toutes d’un nombre, compris entre 1 et 3, qui correspond à une valeur de points pouvant être utilisée pour réaliser de nombreuses actions comme déplacer un général, placer des contrôles politiques sur la carte ou lever des troupes. De plus, elles intègrent toutes un évènement dont l’effet est décrit. Enfin certaines d’entre elles sont spécifiquement marquées pour indiquer qu’elles peuvent être utilisées pour contrer un évènement adverse. A partir de ce concept, finalement assez simple, les joueurs vont tour à tour jouer une carte et résoudre l’action correspondante. Ce simple élément permet de transformer un type de jeu assez complexe, le wargame, en un jeu accessible puisque les choix des joueurs sont limités aux mains dont ils disposent à chaque tour. Il permet, de plus, d’allier une stratégie de long terme nécessaire avec une certaine dose d’opportunisme, en fonction des cartes à disposition à un tour donné.
Editio princeps (Edition première)
Au-delà de ce concept, l’ensemble reste tout de même un jeu d’une relative complexité. Les options sont très nombreuses, notamment dans le déplacement des unités et le combat. Interceptions, sièges, retraites, effets de terrain, règles d’empilement, poursuites sont au menu. C’est d’ailleurs la marque d’une époque, celle où la notion de simulation, au plus près possible de la réalité, était encore de rigueur. Une fois cela digéré, il faudra encore assimiler les effets à plus grande échelle de certaines actions pour correctement aborder le jeu, comme les conséquences politiques des défaites, les particularismes de chaque camp, les effets de terrain ou encore l’influence des unités neutres. Enfin, et même si cela reste très léger, la présence du dé et de tables de résolution pour certaines conséquences d’action comme les pertes en batailles, les hasards de la mer ou les sièges, sont le reflet d’une époque aujourd’hui révolue. Il faudra donc quelques parties avant de maîtriser l’animal, notamment pour les joueurs les moins expérimentés. Néanmoins, la qualité de l’ensemble en vaut largement l’effort.
Hannibal : Rome vs Carthage nous revient donc avec une édition de très belle facture. Esthétiquement très réussie, entre sobriété et qualité, avec cependant pour principal point noir les dés de chaque camp : couvert de chiffres romains pour l’un et de symboles sibyllins pour le joueur carthaginois (qui doit se référer à une table pour en comprendre la lecture). Utiliser un dé à six faces classique fonctionne tout aussi bien. A noter aussi que cette édition est en anglais.
Mécanique
Hannibal est essentiellement un jeu de placement dans lequel il faut prendre le contrôle de provinces. L’essentiel du jeu repose sur une mécanique fondée sur des cartes, ou card driven, grâce auxquelles les joueurs vont pouvoir agir. Chaque carte peut être utilisée pour sa valeur en points ou pour l’évènement qu’elle décrit. A partir de là, Hannibal est un wargame avec son lot d’attaques, mouvements, défenses, retraites, etc…
Note : 9/10
Paru dans "Des Jeux sur un Plateau"